Zoom sur les teintures-mères
Zoom sur les teintures mères
Les plantes médicinales peuvent être préparées de différentes façons, et la forme galénique sous laquelle elles se présentent est très importante en phytothérapie. C’est cette forme qui conditionne la dose à absorber en fonction du taux de principes actifs.
Il est important de privilégier certaines formes galéniques en fonction des principes actifs que nous voulons retrouver. Par exemple, la tisane va extraire les molécules solubles dans l’eau alors que les teintures-mères vont extraire les molécules solubles dans l’alcool.
Les différentes formes galéniques :
– teintures mères : préparations liquides réalisées à partir de plantes qu’il est quelquefois nécessaire de traiter avant.
– extraits fluides : préparations liquides composées d’une part d’extrait, d’autre part de matière sèche.
– extraits secs : préparations lors desquelles la matière de base est complétement vaporisée. Le résidu sec est d’au moins 95%.
– extraits fermes : extraits épais ayant une consistance semi-fluide, semi-sèche. Le résidu sec est d’au moins 70%.
(Selon le livre Guide de la phytothérapie, Dr Grunwald et Janicke, Ed. Marabout, 2007
Les teintures mères sont des extraits concentrés de plantes médicinales préparés dans une macération d’eau et d’alcool qui favorise l’extraction des composants végétaux. Il existe un amalgame entre les teintures mères et les teintures officinales.
Dans cet article, nous nous intéresserons aux teintures mères, préparées à partir de plantes fraîches. Les teintures officinales, préparées à partir de plantes sèches, étaient surtout utilisées par le passé.
Bon à savoir : définition de la « forme galénique » : mise en forme de la matière première végétale fournissant le médicament de phytothérapie. « La galénique » vient du médecin grec Galien qui en a codifié les règles.
Le procédé d’obtention
Le principe d’obtention d’une teinture mère est très simple, il s’agit d’une macération de plante fraîche dans un savant mélange d’eau et d’alcool.
Les teintures mères sont inscrites dans la Pharmacopée Française, leur mode de préparation est donc très réglementé et soumis à des contrôles stricts. Elles doivent être réalisées par un laboratoire.
Le rapport d’extraction final d’une teinture mère (TM) est de 10g de TM équivaut à 1g de plante déshydratée, on parle d’un rapport d’extraction de 1:10
L’info en plus : La pharmacopée française est un recueil réglementaire recensant les matières premières autorisées dans un pays ou un groupe de pays pour la fabrication de produits à visés thérapeutiques. Il existe des pharmacopées nationales, la pharmacopée française (nommé le Codex jusqu’en 1963) et des pharmacopées internationales.
En France nous sommes soumis à la pharmacopée Française (dénommée Codex jusqu’en 1963) ainsi que la pharmacopée européenne, publiée par le Conseil de l’Europe. Il existe également la pharmacopée traditionnelle qui désigne l’ensemble des médicaments, essentiellement des plantes, utilisés dans une région ou à une époque donnée.
La Pharmacopée est constituée de monographie qui définit :
- les critères de pureté des matières premières ou des préparations entrant dans la fabrication des médicaments
- les méthodes d’analyses à utiliser pour en assurer leur contrôle.
La pharmacopée est destinée aux professionnels de santé, et aux laboratoires chargés des contrôles de qualité et services d’évaluation des médicaments. Elle est mise à jour régulièrement et à disposition en téléchargement sur le site de ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé)
Le dosage et application
Les teintures mères servent de base de dilutions pour les traitements homéopathiques mais elles sont également utilisées en application seules.
Comme il s’agit d’une forme concentrée, il faut faire preuve de vigilance.
Usage interne : la posologie est dépendante de la plante utilisée ainsi que de la personne et la maladie à traiter.
Il est conseillé de verser une quantité de gouttes dans un verre d’eau à boire avant ou en dehors des repas.
Application cutané : en application locale pour nettoyer une plaie ou encore pour éviter les hématomes par exemple.
Les teintures mères peuvent aussi être incorporer dans des préparations à visées thérapeutique sous forme de crème et/ou lait.
Attention à bien vérifier les contre-indications de chaque teintures mères avant utilisation. De manière générale, il est déconseillé de les utiliser chez les enfants de moins de 6 ans.
Avantages/inconvénients à l’utilisation d’une teinture mère
Avantage :
- – très grand choix de plantes
- – utilisation de plantes fraîches
- – temps de conservation préconisé de 5 ans
- – prix encadrés selon les remboursements de la sécurité sociale
Inconvénient :
- – souvent nommée selon l’ancienne nomenclature botanique
- – présence d’une quantité d’alcool non négligeable
- – perte des minéraux présents dans les plantes à cause de l’alcool
- – déconseillé chez les enfants de moins de 6 ans
L’info en plus : Menace sur les teintures mères
A nouveau, une directive européenne risque de porter un coup dur à une préparation très utilisée par les phytothérapeutes : la teinture mère. D’après cette réglementation (directives 92/73/CEE) les teintures mères, qui jusqu’à présent bénéficiaient d’une liste d’autorisation commune, doivent demander une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour chaque souche. « Ce qui change surtout, c’est que nous devons fournir une bibliographie homéopathique, et, pour certaines plantes, celle-ci est peu étoffée », explique-t-on chez Boiron. Le laboratoire a d’ores et déjà déposé 900 demandes d’enregistrement, dont environ la moitié concerne des végétaux. Reste à savoir combien résisteront à l’analyse toujours critique de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ?
Extrait Plantes et Santé N°133 – Mars 2013
Quelques exemples de teintures mères
TM Arnica (Arnica Montana) : coups, ecchymoses, contusions
TM Avoine cultivé (Avena Sativa) : trouble du sommeil, asthénie, fatigue nerveuse
TM de Calendula (Calendula officinalis) : désinfectant, antiseptique
TM de Cimicifuga (Cimicifuga racemosa) : aide à la période de la ménopause, douleurs rhumatismales, arthroses et bronchites
TM de Gota-Kola (Centella Asiatica) : facilite la concentration et la mémoire, rhumatismes, traitement des plaies
TM d’Harpagophytum (Harpagophytum procumbens) : arthrose, rhumatismes
TM de Mélisse (Melissa Officinalis) : apaisant, antivirale,
TM de Myrrhe ( Commiphora Molmol) : anti-inflammatoire et antalgique
TM de Petite Camomille (Matricaria recutita) : convient aux enfants pour les maux de ventre, vomissement, troubles digestifs
TM de Piment de Cayenne (Capsicum frutescens) : rhumatismes, engelures, douleurs digestives
Sources
– Traité pratique de la Phytotherapie, Dr Morel, Ed. Grancher, 2008
– Guide de la phytothérapie, Dr Grunwald et Janicke, Ed. Marabout, 2007
– Le Guide complet de la Phytothérapie, A.McIntyre, Ed. Tredaniel 2010
– Revue « Plantes et Santé » (abonnements)
C’est une très grave nouvelle que cette menace sur les remèdes les plus efficaces, sans effets secondaire à ma connaissance; et je ne comprends pas pourquoi on demande une bibliographie en homéopathie alors qu’il s’agit de phytothérapie?
La phytothérapie justifie documentation et bibliographie,les teintures-mères sont donc concernées,à plus ample informé,les interactions entre plantes entre-elles et médicaments.sont répertoriées.,les effets durant la grossesse sont clairement énoncés.Les teinture-mères doivent être considérées comme des médicaments à part entière.
Déjà la Teinture-mère de Figuier (Ficus carica) n’est plus proposée en pharmacie, ni celle de Piloselle, que j’utilisais, tous les printemps…. et qui m’a bien aidée jusque là. Je crains que les laboratoires pharmaceutiques, dont le pouvoir est immense, cherchent à empêcher les gens de se soigner naturellement (il n’est que de considérer les attaques faites contre l’homéopathie depuis des années)… alors qu’en ce qui me concerne, elle m’a sauvé la vie et m’a permis de sauver celle de mon fils (crises d’asthme extrêmement violentes, pour lui, bébé, comme pour moi quand j’étais toute petite)… Et je ne prends que cet exemple alors que j’en ai des dizaines…
On a bien failli interdire aux amateurs de jardinage bio d’échanger des recettes telles que le purin d’ortie!
C’est dramatique, cette mainmise!
Elle me révolte.
Ce qui est surprenant, c’est que des produits qui n’ont pas eu l’aval de l’ANSM (je pense notamment au plasma de Quinton, d’une efficacité étonnante pour une convalescence post-grippale par exemple) et qui coûtait pratiquement rien (2 francs, à l’époque, pour une dizaine d’ampoules de 20 ml et il fallait une seule ampoule dans un litre d’eau, avec du chlorure de magnésium). Eh bien, ces produits (et c’est déjà le cas le piloselle) se trouvent vendus dans des magasins diététiques 10, 20 voire 30 fois plus chers qu’ils ne l’étaient en pharmacie!!!
Est-ce logique ? Est-ce normal ? Explicable ?
Pour moi, je me demande bien de qui on se moque.